Lettre ouverte du Comité de poursuite de l’effort en vue de la création des organisations ouvrières indépendantes en Iran
A : l’Organisation Mondiale du Travail et toutes les autres organisations ouvrières du Monde
Objet : Attirer l’attention de l’opinion publique et mener les enquêtes appropriées sur la violation à grande échelle des droits élémentaires des travailleurs en Iran
Avec nos saluts fraternels
Comme vous le savez, au cours des dernières années et à plusieurs
reprises le nom de l’Iran a été mentionné auprès des Instances
Internationales comme un pays où le droit des travailleurs est
fréquemment bafoué et souvent le gouvernement de la République
islamique a fait l’objet de protestations des organisations ouvrières.
Néanmoins, durant ces deux dernières années, non seulement aucune
amélioration n’a été notée dans le respect des droits des ouvriers
mais leur droits ont été outrageusement bafoués à un degré inégalé.
Dans les lignes qui suivent nous allons donner quelques exemples
frappants de piétinements des droits: Nous assistons:
1- à une généralisation des contrats provisoires au détriment
des contrats normaux et souvent avec un caractère spécifique appelé
«contrat à blanc signé»; ce qui équivaut de la part des ouvriers
à renoncer dès l’embauche à toute contestation future et l’acceptation
de n’importe quelles conditions de travail et de salaires ;
2- à la ségmentation des grandes unités de production (comme l’Usine
de Pétrochimie de Mahshahr et les champs pétrolifères de Asslavieh
et autres) où on pouvait assister à une concentration des ouvriers
et leur transformation en de petites unités confiées aux entrepreneurs
sous-traitants qui eux embauchent les ouvriers par petits groupes
pour leur imposer une situation de non-droit absolue. Dans cette
situation, les petits groupes d’ouvriers travaillent dans des
secteurs où le travail est par nature permanent sous des contrats
à durée déterminée et ils ont en face d’eux des sous-traitants;
Cette politique permet au grand patron de l’Unité de production
de se défiler en cas de contestation ou de litiges et devant les
demandes et les revendications des ouvriers il n’assume aucune
responsabilité et renvoie les ouvriers vers le sous-traitant qui
à son tour s’est couvert par le contrat à blanc signé qu’i a imposé
aux ouvriers au moment de l’embauche ;
3- aux licenciements à grande échelle et sans aucune indemnisées
de licenciement ni d’assurance chômage qui s’abat sur les millions
d’ouvriers. Et ces licenciements s’effectuent dans des situations
où par exemple au sein de l’usine Iran Khodrow, 3 ouvriers ont
perdu la vie à force de travail supplémentaire imposé et accentué
du travail ;
4- à l’exclusion des représentants véritables des ouvriers des
discussions pour les fixations des salaires et le maintien ( dû
à cette exclusion) des salaires sous le seuil de pauvreté et à
un niveau nettement plus bas en sorte que le minimum salarial
décrété par le gouvernement en 2005 était de 122€ 50, tandis que
le seuil de pauvreté admis par les instances gouvernementales
est de 250€ ou parfois 300€ ;
5- au retard de versement de ces même salaires misérables pouvant
atteindre plusieurs mois. Encore plus odieux est le fait que dans
certains centres de production et en particulier dans les secteurs
de services où des millions de personnes travaillent, ils sont
embauchés sous la condition expresse préalable d’accepter d’être
payé de façon sporadique, parfois avec plusieurs mois de retard.
Nous assistons à un certain nombre de cas où le salaire des ouvriers
n’est pas versé depuis plus d’un an et le gouvernement ne fait
que réprimer les protestations des travailleurs dans ce domaine.
Bon nombre de travailleurs sont réprimés et interpellés par les
forces de sécurité et même arrêtés tandis que jamais à ce jour
un patron n’a été inquiété ou traîné en justice pour le non-paiement
des salaires. ( De nombreux exemples peuvent être cités ...) Aujourd’hui
en Iran ce problème a pris de telle proportion et s’est tellement
généralisé qu’à plusieurs reprises le non-paiement des salaires
a conduit certains ouvriers pauvres et désemparés au suicide ;
6- à l’interdiction des grèves et la non-reconnaissance du droit
à la grève et à l’organisation pour les ouvriers, et en revanche,
la création des services de sécurité (Sous couvert de surveillance)
au sein des grandes entreprises et les grandes unités de production
; Ces services persécutent les ouvriers et les menacent de licenciement
et d’arrestation ;
7- à la répression des protestations ouvrières qui peuvent aller
jusqu’au meurtre, comme le massacre des ouvriers de Share Babak,
qui ne voulaient que préserver leur emploie ;
8- à l’arrestation et le procès contre des ouvriers qui le premier
mai 2004 ont organisé la fête du travail dans la ville de Saghez.
Les cinq activistes ouvriers arrêtés et jugés sont condamnés de
2 à 5 ans d’emprisonnement ;
9- à l’attaque du bureau du syndicat des travailleurs de transport
public de Téhéran qui était en voie de constitution, et le passage
à tabac de ses membres et l’intimidation de ceux-ci en les menaçant
de leur couper la langue. Le comble de l’ironie c’est que ceux
qui ont participé à ses attaques sont ceux même qui de la part
du gouvernement de la République islamique et au nom des ouvriers
iraniens participent aux réunions internationales des instances
ouvrières ;
10- au non-respect de mesures d’Hygiène et de sécurité de travail
qui a paralysé une quinzaine d’enfants et d’adolescents qui travaillaient
dans un atelier de fabrication de chaussures et même le décès
de 11 ouvriers de mine Babenizou où on avait omi d’installer des
appareils de conditionnement d’air.
A notre avis tous les points mentionnés (dont les grandes organisations
Internationales ouvrières en avaient déjà été informées) démontrent
de façon flagrante que les droits les plus élémentaires et internationalement
reconnus des ouvriers est bafoué (sont bafoués) en Iran. C’est
pourquoi nous invitons toutes les organisations internationales
de condamner le non-respect des droits de travailleurs en Iran
et de dénoncer leur conditions de travail ; de considérer cette
protestation comme une plainte officielle déposée par les ouvriers
iraniens auprès des instances de l’Organisation Mondial du Travail
et de l’ instruire contre le gouvernement de la République islamique.
Le Comité de poursuite de l’effort pour la création des organisations
indépendantes ouvrières en Iran, tout en remerciant les organisations
ouvrières de part le monde qui ont jusqu’à maintenant soutenu
les revendications des ouvriers iraniens leur demandent de soutenir
les revendications suivantes:
1- Le paiement immédiat des salaires non-versés et la compensation
des dommages subies par les ouvriers du fait de ce retard de paiement.
2- L’envoie d’une délégation internationale pour inspecter les
conditions d’hygiène et de sécurité du travail en Iran.
3- L’interdiction des contrats provisoires de contrats à blanc
signés ; Transformation officielle des contrats provisoires en
contrats normaux basés sur des conventions collectives.
4- L’embauche des ouvriers sur la base des contrat à blanc signé
doit être considérée comme un délit et répréhensible par la loi
5- L’arrêt des mesures policières contre les activistes et les
dirigeants ouvriers et l’annulation immédiate des condamnations
requis contre Mahmoud Salehi, Mohamad Abdipour, Jalal Hosseini,
Borhan Divargar et Mohsen Hakimi.
6- Les «Conseils islamiques du travail» et « la maison des ouvriers
» ne sont pas les véritables représentants des travailleurs iraniens
et ils sont même à l’origine de l’attaque du syndicat des transports
de Téhéran. Nous considérons sans aucune valeur les accords signés
entre ces deux entités et les organisations internationales ouvrières
et l’Organisation Mondiale du Travail. Nous demandons leur expulsion
de l’organisation Mondiale du travail et leur remplacement par
des représentants véritables des ouvriers iraniens qui seront
élus par le suffrage directe des ouvriers au moment de leur assemblée
générale.
Comité de poursuite de l’effort en vue de la création des organisations
ouvrières indépendantes en Iran.
Le 22 novembre 2005
P.S. Cette lettre ouverte dans sa version originale est accompagnée
par une liste d’usines et d’organismes qui ont du retard dans
le versement des salaires de leurs ouvriers.
Cette liste est composée de 92 sociétés qui ont des retards de
versement de salaires pouvant atteindre 36 mois.